Les cendres de l’histoire

Sep 8, 20212 comments

Si vous avez écouté notre podcast, vous savez que nous ne sommes pas les plus grands fans du mouvement woke, ou du cancel culture, ou des Social Justice Warriors et autres déclinaisons sous un même thème.

Récemment, on apprenait que plusieurs livres allaient être brûlés dans un feu de joie imbécile pour en faire une “cérémonie de purification par les flammes”. On ne l’invente pas, c’est ce qu’ils ont dit.

Plus stupide que ça, tu meurs.

Évidemment, le Canada devient la risée du monde. Il faut être complètement déconnecté pour brûler des Tintin, des Lucky Luke et des Astérix parce que la description qu’on faisait de certains peuples autochtones est caricaturale. Est-ce qu’on va brûler les Schtroumpfs parce que c’est pas fin pour ceux qui ont une petite queue ? Ne riez pas, ils sont assez abrutis pour le faire.

En ce sens, la caricature de Serge Chapleau dans La Presse est parfaite.

Crédit: La Presse

Cette nouvelle est le parfait exemple de tout ce qui est indécent dans le mouvement woke. Nous nous présentons maintenant comme l’autorité morale des générations précédentes, mais au lieu d’éduquer et de faire confiance à l’intelligence des gens, d’expliquer le contexte, l’époque pour ne pas oublier, mais comprendre, on préfère réécrire l’histoire, éliminer des pans de notre passé pour se donner bonne conscience, pour faire comme si ça n’avait pas existé.

Au risque de se mériter un point Goodwin, qu’est-ce qui empêcherait alors les allemands de brûler tout ce qui a rapport au IIIe Reich et faire comme si ça n’avait pas existé non plus ? Comme ça, dans trois générations de jeunes allemands, plus personne ne saura ce qui est arrivé, plus personne ne se référera aux horreurs qui ont été commises par les nazis et tout le monde sera content.

Nous vivons une période très triste dont l’effet pervers et de ne plus vouloir dire ou écrire quoi que ce soit d’offensant de peur de se faire “canceler”. Alors on se dirige tout droit vers une société aseptisée, beige, où tout le monde se tiendra ensemble au milieu, ou plus personne ne prendra de risque.

Ce mouvement qui vient des universités américaines doit être contrôlé. Nous ne disons pas “anéanti” parce qu’il peut y avoir des bons côtés à ajuster notre tir sur des pans de notre culture qu’on doit corriger. Mais pour ce faire, il faut être assez intelligent comme société pour déterminer ce qui est à corriger de ce qui ne l’est pas. Et de vouloir détruire le passé, de vouloir censurer des épisodes de la Petite Vie ou des sketchs de RBO, ce n’est pas ce qu’il faut faire. Faut arrêter comme société de tout prendre au premier degré et ramener sur la tables des concepts qui semblent caducs depuis une dizaine d’années: l’intention et le contexte.

Il faut que les gouvernements cessent de lancer des initiatives stupides sans réfléchir dès qu’une partie de la population crie un peu trop fort. Et se demander si c’est vraiment un problème.

Il faut que les entreprises arrêtent de s’excuser à chaque tempête dans un verre d’eau et qu’elles arrêtent de mettre à l’index tout employé qui a une opinion qu’il exprime dans sa vie personnelle.

Il faut que les artistes arrêtent de s’excuser pour tout et pour rien. Faut arrêter cette folie qu’un hétéro ne peut pas jouer un gai, qu’un américain ne peut pas jouer la voix d’un asiatique, qu’un écrivain ne peut pas écrire un rôle féminin. Ça s’appelle de la création, on créé. Les gens ne font plus la différence entre une fiction et un documentaire. Nous ne pensions pas arriver au point où un jour l’intelligence collective allait prendre le bord. Qu’on ne serait plus capable de réfléchir comme société.

Le pire dans tout ça, c’est que ce sont souvent les blancs qui s’offusquent pour les autres. Ce sont les blancs qui disent aux autochtones qu’ils devraient être fâchés. Et les chefs autochtones, eux, décrient avec véhémence cette initiative idiote de brûler les livres. Les autochtones préfèrent sûrement davantage qu’on s’appuie sur les erreurs du passé pour s’éduquer, au lieu de brûler tout ce qui ne nous déplait et faire semblant que ça n’a jamais existé.

Heureusement, il y a des chefs de parti pour décrier cette initiative grotesque. Non seulement cette mascarade est une honte, mais elle insulte les autochtones qu’elle prétend défendre par la bande. Personne n’a demandé ça du côté autochtone, est-ce que les blancs peuvent se mêler de leurs foutues affaires une fois pour toute ?

Il y a un dicton qui dit “Pour savoir où on s’en va, il faut savoir d’où on vient.” En effaçant petit à petit tout ce qui nous déplait dans notre passé, on se ment à soi-même sur d’où on vient, et on vogue tout droit vers le iceberg de l’ignorance.

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2 Comments

  1. richard

    10/10.

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  2. richard germain

    10/10

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